« La cause palestinienne, n’est pas une cause pour les Palestiniens seulement, mais une cause pour chaque révolutionnaire. » écrivait Ghassan Kanafani, écrivain, résistant et intellectuel palestinien, avant d’être assassiné par le régime sioniste.
Nous avons tendance à répéter que « la Palestine est une boussole », pour toutes celles et ceux qui entendent lutter pour leur libération.
Non pas seulement, car la cause palestinienne, n’a de cesse de révéler tous les vrais visages et les intérêts de celles et ceux qu’elle rencontre. Mais probablement et surtout, car elle n’a de cesse de réinstaurer la centralité et la nécessité de la lutte anti-impérialiste, anti-raciste et révolutionnaire, chez celles et ceux qui luttent. Probablement aussi, car les révolutionnaires palestinien.nes nous ont enseigné.e.s et continuent de nous enseigner – au prix immense de leur résistance – la nécessité d’une lutte sans compromission contre le colonialisme, le capitalisme et l’impérialisme. Nous n’aurons aucune victoire si ce ne sont celles que nous arracherons de nos propres mains à nos ennemis.
La lutte pour la libération de la Palestine nous enseigne aussi, à tous et toutes les révolutionnaires et en particulier ceux et celles des centres impérialistes, que l’histoire n’est pas finie. Que tous les régimes finiront par tomber, même les plus armés, même ceux aux techniques de répression et de surveillance les plus sophistiquées. Nous ne cessons de marcher sur les ruines d’empires qui se disaient éternels et à Gaza, malgré les bombes et le génocide, les oliviers tiennent encore. Ils triompheront certainement.
En mai dernier, des centaines de personnes se joignaient au mouvement international de l’Intifada Étudiante et entamaient une occupation dans le bâtiment B de l’Université Libre de Bruxelles. L’Université Populaire de Bruxelles ouvrait ses portes au sein du bâtiment renommé en l’honneur du révolutionnaire et combattant de la liberté, Walid Daqqa, philosophe, écrivain et membre du FPLP. Il avait été assassiné quelques semaines plus tôt en prison par le régime colonial, après 38 ans de détention.
S’en est suivi deux mois de lutte intense en soutien à la libération de la Palestine ; autour de laquelle s’est organiser, l’autogestion du mouvement, des actions directes, des rassemblements, ainsi qu’un important travail d’éducation populaire, de partages d’outils et de savoir de lutte. L’expérience de l’occupation Walid Daqqa, fut également celle d’une recomposition militante, de nouvelles opportunités stratégiques et tactiques pour le camp révolutionnaire à Bruxelles.
Une nouvelle génération de militant•es voit le jour. Forte de son expérience durant l’occupation, des contradictions politiques rencontrées, de la répression et des moyens de lutte mis en place. Cette « nouvelle génération », c’est-à-dire les personnes qui ont peuplé les rangs de Walid Daqqa, n’étaient pas portées « disparues » dans les mobilisations militant.es précédentes. Si elles y en étaient absentes par le passé, c’était uniquement, car elles avaient besoin de l’occasion d’un espace pour se rencontrer, s’organiser et finalement surgir sur la scène politique. Après l’expulsion de l’occupation, cette expérience et cette rencontre faites, il s’agit maintenant de se confronter à celle de l’organisation de la poursuite de la lutte et du mouvement.
C’est contre la construction de ce mouvement et contre cette expérience de lutte que l’état belge s’active et s’attaque à celles et ceux de l’Université Populaire. En plus d’avoir commis le crime de s’être soulevé.es contre le génocide en cours et la colonisation de la Palestine, ceux et celles de Walid Daqqa ont commis le crime de lier la cause palestinienne et la libération de la Palestine, à leurs luttes locales et à la question de notre libération de l’impérialisme en Belgique.
Chose qu’un système et un état soucieux de préserver sa domination ne peuvent tolérer.
Des moyens importants de répression sont donc alloués par l’état belge contre le mouvement : intimidations et pressions politiques et policière, fichage généralisé, répression financière, et, près d’une centaine de convocations à comparaître devant la police avec pour accusation le fait de faire partie d' »un groupe prônant la ségrégation et ou discrimination raciale ».
L’état belge semble donc faire le choix, comme les autres états occidentaux, de criminaliser le soutien à la lutte pour la libération de la Palestine, en instrumentalisant l’antisémitisme. Cette instrumentalisation repose elle-même sur une conception raciste de l’état à l’égard des communautés juives en Belgique. Lorsque la police et la justice disent que critiquer l’état colonial israélien et le sionisme est une forme d’antisémitisme, ils associent de fait les identités juives à la seule existence de l’état israélien et au mouvement sioniste. Or depuis la création du mouvement sioniste, nos camarades juifs et juives ont combattu cette assimilation. Cette instrumentalisation est doublement dommageable, premièrement car elle a pour effet de masquer l’antisémitisme réel, qui comme tous les autres racismes structurels, est bien présent au sein de notre organisation sociale et doit être combattu. En particulier à l’heure où un processus de fascisation est en cours en Belgique et où des partis héritiers du fascisme et de la collaboration sont aux portes du pouvoir. Secondement, car le rôle de cette instrumentalisation est également d’opposer les communautés racialisées et oppressées par le capitalisme et le suprématisme blanc en Belgique. Là où proprement, le mouvement antiraciste et décolonial palestinien, porte en lui un projet de libération et de réconciliation.
Pourtant, plus que d’intimidation et de menace, le zèle de l’état belge à criminaliser le soutien à la lutte pour la libération de la Palestine ne fait que démontrer à quel point le mouvement de l’Intifada Étudiante tapait là où ça faisait mal.
L’Université Populaire a déjà déclaré que la répression ne l’arrêtera pas et à ce sujet, nous n’avons aucun doute.
Nous affirmons tout notre soutien aux personnes convoquées !
La lutte continue, pour une Palestine libre du Jourdain à la Mer.
Longue vie à l’Université Populaire, longue vie à l’Intifada Étudiante !
De Bruxelles à Gaza, abattons l’impérialisme !